SANS THEO
Dans ton corps immobile, dans un champ loin des villes
On a trouvé des balles dans l’or bleu de tes toiles
C’est un cirque magique, animal poussiéreux, les murs y sont lépreux
Les couloirs y sont froids, les portes entre ouvertes et les fenêtres closes
T’enfouis ton visage au creux de tes mains nues
Ces mains qui dessinèrent et le ciel et la terre
Ces mains qui dessinèrent…
T’avais rêvé ses yeux si beau et silencieux
Ce regard en suspens œil solaire et brulant
C’est un soleil d’amour au centre du néant
Et pour l’éternité enfin te regardant
T’enfouis ton visage au creux de tes mains nues
Ces mains qui dessinèrent et le ciel et la terre
Ces mains qui dessinèrent…
Au milieu de la foule, dans les déserts du monde
T’aurais mis de ton cœur dans chacun de tes pas
T’aurais voulu Gauguin, un ami, un soutien
T’aurai voulu la femme, t’aurai eu le chagrin
T’enfouis ton visage au creux de tes mains nues
Ces mains qui dessinèrent et le ciel et la terre
Ces mains qui dessinèrent…
Voyez ce beau visage vous sourire oh passant
C’est sur d’autres rivages que tu peins à présent
C’est sur d’autres rivages que tu peins maintenant, toi Vincent Marc Olivieri
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HAITI
Mes yeux, ton cœur et la terre qui gronde
Tes yeux mon cœur et le vaste monde
Haiti elle s’endort peu à peu
Haiti moi je m’envole enfin
Haiti je suis le sang sur ce train
C’est l’argent qui nous tue oh mon frère
C’est l’argent qui tuera notre terre
C’est comme un tremblement de terre
Une secousse, des éclairs, le tonnerre
Haiti elle s’endort peu à peu
Haiti moi je m’envole enfin
Haiti je suis le sang sur ce train
Ça vit je crois, ça bouge encore tu vois
Et malgré moi, ça croit et ça porte sa croix
Ça se décline dans l’herbe fine
Ça se déroule aux creux des mains
Ça se dispense de chagrin
Ce n’est pas rien, après tout c’est l’humain
Haiti elle s’endort peu à peu
Haiti moi je m’envole enfin
Haiti je suis le sang sur ce train
Dans le wagon de queue elle voit des lumières bleues
Moi je m’endors serein juste au-dessus du train
Haiti elle s’endort peu à peu
Haiti moi je m’envole enfin
Haiti je suis le sang sur ce train
Marc Olivieri
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OSMOSES
J’ai vu des mots d’amour gravés sur des reliques
A la pointe du jour,
Et puis j’ai vu la joie se peindre sur ton visage
Et l’indicible ennui prendre un nouvel usage,
C’est ce que dit la brise le soir dans les feuillages
A la femme qui pleure au bord de la rivière
La guerre est loin ce soir, les enfants seront sages
Tous ceux que nous aimons retournent à la terre
Tous ceux que nous aimons
Tout est parfait, tout nous attend, depuis longtemps
Il existait des liens que seul peut créer
Celui qui sait des siens tout ce que Seul Dieu sait
L’Amour, et la Fortune ont des rapports charnels
Que la Mort assassine, brise comme le glaive,
J’ai vu couler la sève des grands arbres odorants
Et le Soleil aimer la Lune, tendrement…
C’est ce que dit la brise le soir dans les feuillages
A la femme qui pleure au bord de la rivière
La guerre est loin ce soir, les enfants seront sages
Tous ceux que nous aimons retournent à la terre
Tous ceux que nous aimons
Tout est parfait, tout nous attend, depuis longtemps
Marc Olivieri
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J’AI DE CES HEURES LA
J’ai de ces heures-là où mon âme est absente
De trop vouloir aimer de trop vouloir aller
Là où raison s’ignore là où l’aube s’endort
J’ai de ces heures-là
Où je crains le matin qui fuit le lendemain
J’ai de ces heures-là où je ne crois en rien
J’irai où bon me semble disait un grand poète
Je laisse à l’avenir le soin qu’il ne s’arrête
A la borne incertaine d’une impassible chaine
J’ai de ces heures-là
Il y a comme un désir perdu dans ces vouloirs
Perdu dans ces couloirs où j’aime à faire venir
Des recoins de plaisir et des sourires enfuis
J’ai de ces heures-là
Comme des précipices au bord desquels on penche
J’ai de ces heures-là ou je crains l’avalanche
Des mots, des os, des crocs, des amours maladroites,
De ces portes fermées, de ces règles si droites
J’ai de ces heures-là
De ces fous enfermés à ma gauche, à ma droite
Par le destin liés à la même descente
Par le destin liés à la même descente
J’ai de ces heures-là ou je suis une plante
Qui attend le soleil comme on attend la vie
Ou j’attends mes pareils en sachant qu’ils s’enfuient
J’ai de ces heures-là
J’ai de ces heures-là qui ressemblent à la nuit
Qui ressemblent à la nuit
Marc Olivieri
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AMIMOROCK
Les mots s’allument quand je les hume
Quand je leur dis de rester sages,
Bien assis, là, entre deux pages
Ecrites sur la pointe des pieds et toujours prêtes à se donner
Les mots se hurlent quand ils s’enflamment
Quand le désir redevient femme
Et qu’il les rend si féminins
Qu’ils n’ont parfois plus rien d’humain
Les mots s’alignent en rang serrés
Sur une seule ligne, soldats terrés
Dans leurs tranchées ils se resserrent,
Ils sont cachés mais je m’en sers !
Les mots sont mes amis, mes amis animaux
Animaux de l’ennui, de l’ennui de mes maux
Ces maux qui me font mâle
Et ce mal qui s’efface quand mes doux mots je trace
Sur une ligne droite bien à l’abri du vent
Couchés sur le papier, les mots m’ont supplié :
"Laissez-nous vivre comme avant
Ne plus n’être qu’un instrument,
Forgé par et pour tes désirs
Pour à jamais ne faire que dire !"
Alors, j’ai remisé le ver et la gaité
J’ai reposé sans bruit, la plume et le papier
L’encre s’est desséchée, les feuilles envolées,
Le tiroir s’est fermé et j’ai jeté la clef
Mes mots se sont enfuis,
Pourtant, quand je regarde le ciel, dans la nuit,
J’y vois des lettres d’or qui luisent et me sourient
"Laissez-nous vivre comme avant
Ne plus n’être qu’un instrument,
Forgé par et pour tes désirs
Pour à jamais ne faire que dire !"
Marc Olivieri
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MA VIE
Ce long ruban de soie qui coule entre mes doigts,
Cette claire étincelle qui te recherchera
Ma Vie qui se faufile, tenace,
De la Terre jusqu’aux Cieux
S’est reflétée dans tes yeux
Au travers des nuages, courant par le ciel bleu,
Je l’aurai déchiré ce bout de drap soyeux
Quand tu m’as dit adieu
Ma Vie, Ce beau soleil qui darde ses rayons
Tout au fond de mon âme, où tout est si profond
Ma Vie je te la donne, je sais, c’est un peu tard,
Mais seuls ceux qui pardonnent gardent un peu d’espoir…
Au travers des nuages, courant par le ciel bleu,
Je l’aurai déchiré ce bout de drap soyeux
Quand tu m’as dit adieu
Dans tes yeux, ce reflet, d’un Amour sans regrets
Ce tissu de satin qu’ont caressé tes mains
Sera donc cette flamme, d’une comédie sans âme
Ce long ruban de soie qui court entre mes doigts,
Cette claire étincelle qui te retrouvera.
Marc Olivieri